lundi 31 mars 2014

Liberté sexuelle


La culture moderne est éprise de liberté sexuelle. Parmi tous les progrès de l’époque actuelle, la liberté sexuelle est l’un des acquis les plus valorisés. Par contraste, les chrétiens semblent réactionnaires en continuant de prôner un contrôle sexuel rigoureux. Il est vrai que certains mouvements chrétiens sont réfractaires à la liberté sexuelle puisqu’ils se méfient du plaisir, surtout du plaisir sexuel. Par exemple, on peut citer le puritanisme et le jansénisme parmi ces mouvements chrétiens.

Néanmoins, le christianisme historique ne condamne pas le plaisir sexuel en tant que tel. Au contraire, le christianisme enseigne que le corps est une bonne chose et que les plaisirs corporels, bien qu’ils puissent constituer des dangers, sont tout à fait sains et légitimes en principe. Récemment, des auteurs tels que John Piper et Christopher West ont popularisé cet aspect de la pensée chrétienne en expliquant que la sexualité est vouée à être vécue avec joie et sans complexes.

Contrairement aux préjugés dont les chrétiens sont souvent affligés, l’idéal chrétien n’en est pas un de privation et de répression sexuelle. L’idéal chrétien est, comme l’idéal moderne, soucieux de réaliser une libération sexuelle. Cependant, là où les penseurs modernes envisagent la liberté sexuelle comme l’absence de restrictions sexuelles, les penseurs chrétiens l’envisagent surtout comme l’absence d’obligations sexuelles. Cette distinction doit être explorée en profondeur afin de comprendre pourquoi les chrétiens s’opposent à la liberté sexuelle telle qu’elle s’est déployée dans l’Occident moderne.

Sans considérer son pan spécifiquement sexuel, on doit d’abord poser la question : Qu’est-ce que la liberté? Une réponse commune est que la liberté est la capacité de faire ce que l’on veut. Cela est inexact puisque, en considérant différents exemples, on constate que l’on peut être capable de faire ce que l’on veut même alors que l’on ne jouit d’aucune liberté.

Prenons l’exemple d’une personne qui veut étudier la médecine et qui est capable d'étudier la médecine mais qui, par ailleurs, est soumise à sa famille qui exige qu'elle étudie la médecine. Cette personne n'est pas libre d'étudier la médecine : elle est obligée d'étudier la médecine. Le fait qu'étudier la médecine soit conforme à sa volonté n'est qu'un accident du hasard; on pourrait dire qu'elle est chanceuse de vouloir faire ce qu'elle a envie de faire. Elle n'est pas libre puisqu'elle n'a peut pas faire un autre choix.

L’erreur de ceux qui assimilent la liberté à la capacité de faire ce que l’on veut est de supposer que la liberté serait toujours plaisante à vivre alors que l’esclavage serait toujours déplaisant à vivre. En réalité, la liberté peut être pénible à vivre lorsque l’on doit trancher entre plusieurs choix difficiles. Par exemple, il est souvent pénible pour un parent de choisir combien de temps il attribuera à sa carrière et à sa famille.Choisir quelque chose implique toujours de renoncer à autre chose.

À l’inverse, l’esclavage peut être plaisant à vivre s’il permet de jouir de certains plaisirs que l’on désire avec ardeur. Il s’agit d’un thème central du roman Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, où les masses humaines ne sont pas contrôlées par la peur de la répression mais plutôt par une dépendance à des plaisirs ininterrompus. Le plaisir n’est pas une garantie de liberté puisqu’il peut être un outil pour asservir la liberté.

Nul besoin de récits fictifs pour trouver des exemples d’asservissements par le plaisir. Toutes les histoires de toxicomanie constituent de tels exemples. En effet, le toxicomane est capable de faire ce qu’il veut mais il n’a pas de choix puisqu’il est incapable de ne pas choisir la drogue. Prétendre qu’un toxicomane est libre alors qu’il consomme de la drogue est aussi faux que de prétendre qu’un esclave est libre alors qu’il obéit aux ordres de son maître puisque, dans les deux cas, les alternatives impliquent des souffrances terribles qui, en pratique, interdisent tout choix alternatif.

          Maîtres intérieurs

La similitude entre la situation d’un toxicomane et celle d’un esclave est telle que l’on peut affirmer qu’un toxicomane est un esclave. Le toxicomane n’est pas soumis à une autre personne mais sa volonté n’est pas moins soumise à une force qu’il ne contrôle pas. Une dépendance psychique n’est pas un maître moins réel qu’un bourreau armé d’un fouet : l’un comme l’autre oblige son esclave à agir d’une certaine façon sous la menace de la souffrance. Ainsi, les dépendances psychiques constituent bel et bien des maîtres intérieurs.

Il est commun que ceux qui souffrent d’une dépendance psychique nient leur dépendance. En d’autres termes, lorsque le maître est à l’intérieur de l’esclave, il est commun que l’esclave se donne l’illusion d’être libre puisque son maître est invisible. S'il est humiliant d’être un esclave, il est d’autant plus humiliant d’être l’esclave de ses propres dépendances psychiques. Là où les maîtres intérieurs imposent un esclavage non moins réel que celui des maîtres extérieurs, leur esclavage est mieux camouflé.

On entend souvent des hommes affirmer qu’ils refusent de s'engager dans une relation amoureuse puisqu’ils ne veulent pas perdre leur liberté. Selon leur discours, le célibat serait la liberté alors que l'engagement serait l’esclavage. À première vue, cette affirmation n’est pas erronée. Il est vrai qu’un homme célibataire peut choisir n’importe quelle femme alors qu’un homme engagé s’est obligé à choisir sa conjointe.

Pourtant, la liberté d’un tel célibat est illusoire. Un homme qui s’interdit l'engagement est un homme dont la liberté est limitée dans le temps. Il est capable de choisir une femme pour un court moment mais il est incapable de choisir une femme à long terme. Il est capable de faire les choix les moins importants mais pas les choix les plus importants.

N’importe quel homme est capable de choisir une femme pour un court moment. Seul un homme doté d'une grande liberté est capable de choisir une femme à long terme. L’homme incapable de choisir une femme à long terme n’est pas libre de rester célibataire, il est obligé de rester célibataire. Cet homme est esclave du célibat. Ou plus précisément, il est esclave d’une dépendance psychique l’obligeant à changer de partenaire au bout d’une certaine période de temps.

Bien sûr, on ne parle pas ici d’un homme qui hésite à s'engager par prudence. La capacité à faire les choix les plus importants n’équivaut pas à une impatience à ces choix. Un homme qui refuse de s’engager dans une relation amoureuse puisqu’il a de bonnes raisons pour craindre que cette relation serait malheureuse n’est pas esclave du célibat, il est sage. Les esclaves sont ceux qui n'ont pas d'alternative lorsque vient le moment de faire les plus grands choix.

          Drogue sexuelle

Pour la plupart des gens, il est évident que la toxicomanie est une forme d’esclavage intérieur. Par contraste, l’idée que la sexualité puisse être une forme d’esclavage intérieur est contre-intuitive. Cela est dû au fait que la dépendance au sexe, contrairement à la dépendance à la drogue, est approuvée par la culture occidentale contemporaine.

Pour ceux qui en doutent, deux approches suffisent pour s’en convaincre. Tout d’abord, il faut considérer la propension qu’ont les esclaves à s’illusionner au sujet de leurs maîtres intérieurs. Il faut prendre conscience d’à quel point il est évident qu’un toxicomane n’est pas libre en consommant de la drogue et d’à quel point ce même toxicomane s’illusionne en se croyant libre. La drogue et le sexe sont des maîtres similaires puisqu’ils utilisent la même stratégie afin d’imposer un seul choix à leurs esclaves. Ils n’interdisent pas les autres choix de façon directe : ils offrent un choix irrésistible en présentant les alternatives comme des privations misérables.

L’irrésistibilité du sexe dans la société contemporaine est évidente lorsque l’on entend qu’il s’agit d’un besoin. Il y aurait ainsi des besoins sexuels comme il y a des besoins alimentaires et des besoins affectifs. Pourtant, certaines personnes vivent une abstinence sexuelle complète durant plusieurs années sans que leur santé physique ou psychique ne soit affectée. Par contraste, toute personne privée de nourriture ou d’affection souffrira de troubles physiques et psychiques.

Certaines personnes souffrent de troubles physiques et psychiques s’ils sont abstinents de sexe, mais cela est aussi la situation des toxicomanes. Lorsque seulement certaines personnes, plutôt que tous les êtres humains, souffrent en s'abstenant d’un plaisir, c’est le signe qu'il s'agit du sevrage d'une drogue plutôt que d'un manque naturel.

L’autre approche exposant l'esclavage sexuel est l’expérience. Parmi ceux qui ont la possibilité d’avoir des relations sexuelles, combien sont abstinents? Parmi ceux qui eurent une vie sexuelle active durant plusieurs années, combien sont capables de choisir l’abstinence sexuelle? Les témoignages sont unanimes : l’abstinence sexuelle cause un sevrage au même titre qu’une drogue. Même ceux qui prennent de fermes résolutions d’abstinence flanchent à répétition. Cependant, après une période plus ou moins longue, le sevrage se termine. Contrairement aux privations de nourriture et d’affection, les troubles causés par l’abstinence sexuelle diminuent à long terme plutôt que d’augmenter.

Comme pour un alcoolique qui surmonte son alcoolisme, le sexe peut redevenir un désir que l’on vit librement, c’est-à-dire sans dépendance. Pour le sexe comme pour l’alcool, l’abstinence contrôlée est la cause autant que la preuve de la liberté. Le sexe et l’alcool peuvent procurer des joies saines mais ils peuvent aussi causer des dépendances aux conséquences néfastes.

          Vrai amour

Chez les chrétiens, l'amour et la liberté sont indissociables. Malheureusement, ce lien est obscurci dans la pensée populaire de l'Occident moderne. En effet, pour plusieurs, l’amour est limité à des sentiments. On aime une personne tant que les sentiments durent et on cesse de l’aimer lorsque les sentiments disparaissent. Il s’agit là d’une vision de l’amour qui, aux yeux des chrétiens, est triste et incomplète.

La vision chrétienne de l’amour dépasse les sentiments en s’inscrivant dans la volonté. L’amour naît souvent grâce à des sentiments et il suscite souvent des sentiments mais il ne dépend pas de ces sentiments puisqu’il est une volonté qui se maintient même alors que les sentiments varient. Les sentiments d’amour créent la joie dans le couple mais c'est l’amour qui préserve l’union du couple, même lorsque les sentiments sont absents. Le vrai amour n’est pas égoïste; il ne vise pas le bien-être de la personne qui aime. Le vrai amour est généreux; il vise le bien-être de la personne aimée. Le vrai amour est la volonté de procurer du bonheur à la personne aimée, parfois grâce aux sentiments et parfois malgré l’absence de sentiments.

C’est donc seulement si l’amour est une volonté que le mariage est sensé puisqu’un mariage est une promesse d’amour et que l’on ne peut pas promettre de maintenir un sentiment : on peut seulement promettre de maintenir une volonté. C’est ici que l’on comprend comment l’amour et la liberté sont indissociables. L’amour étant un acte de volonté et la volonté étant un exercice de la liberté, l’amour dépend entièrement de la liberté. Sans liberté, aucun amour n’est possible.

Cette impossibilité est évidente si l’on considère le scénario où un maître ordonnerait à son esclave de l’aimer. L’esclave pourra donner des signes d’amour à son maître mais ces signes seront faux puisqu’il est impossible d’aimer par obligation. On ne peut pas obliger une personne à vouloir quelque chose; on ne peut pas forcer la volonté d’une personne. Puisque l’amour est une volonté, on ne peut pas forcer l’amour.

Si deux personnes ne se sont pas choisies de façon libre, elles ne s’aiment pas. On peut ressentir de l’attirance et de l’attachement pour une personne sans aimer cette personne. Les sentiments détachés de la volonté peuvent ressembler à de l’amour mais, en réalité, ils n'en sont qu'un triste simulacre.

Les chrétiens encouragent l’amour le plus libre afin de permettre l’amour le plus vrai. L’amour ne pouvant pas être plus grand que la liberté, la liberté la plus grande est nécessaire afin de permettre l’amour le plus grand. Il importe d’insister sur ce parallèle puisque, lorsqu’il est question d’amour, les enseignements chrétiens ne prônent pas la modération : ils prônent la radicalité. Les chrétiens sont des radicaux de l’amour. Un chrétien ne s’estime jamais suffisamment libre puisqu’il n’estime jamais aimer suffisamment.

Les chrétiens comprennent donc l’amour comme la capacité de faire les choix amoureux les plus importants. Puisqu’ils veulent aimer de façon radicale, ils veulent faire des choix amoureux radicaux. S’il existe un choix qui permet d’aimer plus en étant plus libre, les chrétiens prôneront toujours ce choix. Ces choix sont parfois pénibles, ils peuvent impliquer des privations plus ou moins grandes mais, s’ils permettent d’être plus libre, les chrétiens les désireront toujours afin que leur amour soit plus grand.

          Intimité sexuelle

Le lien entre l’amour et la liberté étant éclairé, il importe de faire de même pour le lien entre l’amour et l’intimité sexuelle. L’intimité sexuelle, comme plusieurs autres gestes du corps, constitue un langage. Le langage corporel n’est pas moins réel que le langage verbal. En effet, une personne qui ment en hochant la tête verticalement ne ment pas moins réellement qu’une personne qui ment en exprimant la parole « oui » alors que la vérité est « non ». Un menteur corporel qui s’excuserait en affirmant qu’il n’a exprimé aucune parole ne convaincrait personne qu’il a agi avec honnêteté.

Ainsi, différents gestes du corps peuvent signifier différentes choses. Des hochements de la tête signifient une acceptation ou un refus; seul un menteur ou un hypocrite hoche la tête alors qu’il n’accepte ou ne refuse pas. Une poignée de main signifie la paix; seul un menteur ou un hypocrite serre la main de ses ennemis. Une accolade ou un baiser signifie l’amitié; seul un menteur ou un hypocrite donne une accolade ou un baiser à une personne qu’il n’apprécie pas. Un mensonge corporel est un mensonge aussi malhonnête qu’un mensonge verbal.

La signification des gestes corporels peut varier d’une culture à l’autre. Pour certaines cultures étrangères, l’acceptation, le refus et la paix peuvent être signifiés par des gestes corporels tout à fait différents des hochements de tête et des poignées de main des Occidentaux. Pour ce qui est des accolades et des baisers, ils peuvent signifier différents degrés d’amitié selon les cultures mais il s’agit de signes d’amitié relativement universels. On constate que, plus un geste touche à l’intimité, moins il est remplaçable par d’autres gestes puisque l’intimité touche le cœur humain de façon unique. La sexualité étant la plus grande intimité corporelle, elle est la moins remplaçable. Ainsi, la plupart des cultures traditionnelles reconnaissent le caractère sacré de la sexualité.

L’intimité sexuelle signifie l’union la plus totale entre deux personnes. Tout acte intime est un acte d’union; l’acte sexuel est l’acte d’union le plus total. Il crée un puissant attachement affectif entre les amants, surtout pour ceux qui n'ont pas multiplié les partenaires sexuels. L’extase de la jouissance élève les amants au paroxysme de l'union alors qu’ils s’élancent l’un dans l’autre avec passion. Il s’agit à la fois de l’acte procurant la plus grande jouissance unitive et de l’acte donnant les plus grands fruits unitifs puisqu’il peut engendrer un nouvel être humain à l’image des amants. Ces caractéristiques font en sorte que, là où une accolade peut signifier « Je suis ton ami », l’intimité sexuelle signifie « Je suis uni à toi par tout mon être, je me lie à toi et je te serai fidèle pour toujours ». 

On peut bien sûr déconnecter l’intimité sexuelle de cette signification mais cela résulte en des conséquences néfastes. La signification de l’intimité sexuelle n’est pas remplaçable puisqu’aucun autre geste ne possède les caractéristiques d'une union la plus totale. Aucun autre geste ne procure une jouissance unitive et ne donne des fruits unitifs comme l’intimité sexuelle. Ainsi, les individus et les cultures qui banalisent l’intimité sexuelle et qui la déconnectent de l’union amoureuse la plus totale se retrouvent sans geste corporel pour signifier une telle union.

Il s’agit d’un état aussi tragique que si le langage n’avait plus de mot pour signifier « amour ». Ou encore, on peut imaginer une société où tout le monde vit l’intimité sexuelle avec tout le monde, offre des accolades et des baisers à tout le monde et dit « je t’aime » à tout le monde, tout cela sans égard pour l’amour réel des uns pour les autres. L’amour peut exister dans une telle société mais sa réalité est brouillée dans les esprits puisqu’aucun signe ne le révèle sans équivoque.

          Défense de l’amour

Les chrétiens ne dénoncent pas seulement les préceptes qui nient le lien entre l’intimité sexuelle et l’amour, ils dénoncent aussi les préceptes qui nient le lien entre l’intimité sexuelle et l’union amoureuse la plus totale. Même si l’intimité sexuelle est liée à engagement amoureux, elle constitue un mensonge corporel si cet engagement amoureux est limité. L’intimité sexuelle signifie un don de soi entier et irrévocable; aucun geste ne signifie une union plus totale. Par contraste, un amour partiel ou révocable est une union limitée par un don de soi incomplet. Si l’union totale et l’union limitée sont signifiées par le même geste – l'intimité sexuelle – leur différence est brouillée. L’idéal chrétien, étant un idéal d’amour radical, vise à ce que l’union amoureuse la plus totale soit révélée sans équivoque.

L’importance d’une telle révélation sans équivoque ne doit pas être sous-estimée. Dans une société où aucun signe ne révèle l’amour sans équivoque, on doutera que l’amour existe, surtout parmi les jeunes. Une génération qui doute de l’existence de l’amour dès sa jeunesse ne peut que peiner à vivre l’amour, ce qui brouillera encore davantage la réalité de l’amour dans l’esprit de la génération suivante. Ainsi, en déconnectant les gestes corporels de l’amour qu’ils signifient, on fait disparaître les signes d’amour et on nuit à l’existence même de l’amour.

Ce phénomène, qui est vrai de l’amour en général, est également vrai de l’union amoureuse la plus totale que les chrétiens veulent préserver. Une société qui déconnecte l’intimité sexuelle de l’union amoureuse la plus totale brouille la possibilité même d’une telle union qui devient ensuite de plus en plus difficile à vivre. Cette difficulté est tragique au plus haut point puisqu’une telle union est ce que les amoureux désirent par-dessus tout même alors qu’ils peinent à y croire et qu’ils s'handicapent à la vivre en brouillant le signe qui la révèle.

C’est donc en combinant le lien entre amour et liberté et le lien entre amour et intimité sexuelle que l’on peut comprendre les préceptes chrétiens par rapport à la liberté sexuelle. Quand on choisit d’aimer, on aime totalement et, quand on choisit d’aimer totalement, on aime pour toujours. L’abstinence sexuelle hors mariage et l’indissolubilité du mariage sont donc les idéaux d’une liberté totale qui veut aimer totalement. Le mariage étant une promesse d’amour fidèle jusqu’à la mort, il est l’institution de l’union amoureuse la plus totale. Si des amoureux sont incapables de refuser l’intimité sexuelle avant d’être totalement unis, la signification de leur union sexuelle est brouillée.

Les chrétiens aspirent à ne jamais être obligés de donner de faux signes d’amour. Ils dénoncent donc la liberté sexuelle telle qu’elle s’est déployée en Occident puisque, en réalité, il s’agit d’un esclavage sexuel. Les idéologies dominantes rationalisent l'esclavage sexuel que l'on devrait éviter. La liberté n’y triomphe pas, au contraire, la volonté y est soumise aux maîtres intérieurs. Là où l’intimité sexuelle est vouée à signifier l’union amoureuse la plus totale, elle est réduite, au pire, à constituer une drogue que l’on est obligé de consommer ou, au mieux, à signifier un engagement amoureux plus ou moins partiel et révocable.

La vie est heureuse si elle est remplie d’amour; l’amour est vrai s’il est libre. La vie la plus heureuse nécessite donc la liberté la plus totale. Le malheur n’est pas un échec dû à une incompétence; il est une insuffisance due à des désirs mal comblés. Quand on dit que l’on est assez libre, que l’amour que l’on vit est assez vrai et donc que l’on est assez heureux, on devient la cause du malheur que l’on vit. Le plus grand bonheur est le fruit des plus grands désirs comblés par la plus grande liberté. On ne peut pas contrôler tous les événements de la vie mais on peut toujours se libérer des maîtres intérieurs qui interdisent le plus grand bonheur. C’est l’une des gloires de la vie chrétienne.